Un été anglais. Il avait 15 ans, elle en avait 40…

Lorsqu’une femme de 40 ans s’éprend d’un jeune de quinze ans et qu’elle force la porte de son enfance… Marc Desaubliaux nous propose un roman au sujet délicat, mais traité avec beaucoup de sensibilité.

Ce roman, comme plusieurs de l’auteur, traite de l’adolescence et des expériences vécues qui marquent à jamais. Ce fut déjà le cas par exemple avec le premier roman de Marc Desaubliaux « Journal du désespoir » qui nous parle de Charles-Henri, un jeune de seize ans qui parvient à extérioriser ce qu’il n’ose pas dire en l’écrivant dans un cahier.

Ici, on y suit Fabrice, cinquante-six ans, qui reçoit une lettre un soir en rentrant de son travail. Il reconnaît immédiatement l’écriture. Il s’agit de celle de madame Crown, chez qui il a passé un mois de juillet alors qu’il n’avait que quinze ans. Ce voyage linguistique, qui devait lui apprendre à découvrir l’art de vivre des anglais, lui aura enseigné bien plus que cela. Madame Crown, une femme mûre, en jouant un jeu dangereux de séduction et d’éducation amoureuse, a éveillé en lui le désir, après l’avoir forcé à un baiser langoureux. Dès lors, rien ne sera plus pareil pour Fabrice, piégé entre l’amour maternel qu’il éprouve pour cette mère de substitution de quelques jours, et la femme séduisante qui lui donne des envies.

L’histoire nous emmène donc sur deux temporalités : le présent, 2009, où nous suivons Fabrice qui a cinquante-six ans et qui retourne en Angleterre après plus de quarante ans, et ses souvenirs, pendant l’été 1968, lors de son séjour qui a changé le cours de sa vie à jamais. Pour les deux époques, nous avons très envie de découvrir ce qui se cache derrière chaque nouvelle page. Que s’est-il passé pour que Fabrice et madame Crown n’aient plus aucun contact pendant tant d’années ? Et que veut-elle désormais ? Pourquoi maintenant ? À quel jeu joue-t-elle encore ?

L’écriture de Marc Desaubliaux est merveilleuse. Il sait faire passer les émotions avec beaucoup de justesse. Sur son site internet, on peut découvrir qu’il aime quand on lui dit qu’on a ressenti ce qu’il voulait faire passer dans ses écrits. Le pari est largement réussi ici. On se prend d’affection pour le Fabrice de cinquante-six ans que l’on sent brisé, abîmé de l’intérieur. On ressent son mal-être et sa solitude. Et on ne peut qu’aimer le jeune Fabrice, timide, poli, pour qui le malaise est très profond. Choqué dans un premier temps par l’attitude de madame Crown, son désir de l’inconnu est plus fort que lui, même si à plusieurs reprises, il est sur le point d’écrire à ses parents pour tout leur raconter et qu’ils viennent le chercher.

Mais « Un été anglais », ce n’est pas que ça. C’est aussi tout ce qui l’entoure. Une découverte de l’Angleterre au travers des yeux d’un adolescent excité par la nouveauté. Une visite guidée des sites les plus marquants de Londres. Des descriptions détaillées qui nous plongent au cœur des années 1960. Un monsieur Crown qui ne se doute pas de ce qui se passe et qui emmène Fabrice avec lui comme si c’était son fils. Les journées sont rythmées par la vie de tous les jours des Crown et on s’imagine très facilement auprès d’eux. C’est un véritable voyage anglais que nous vivons.

Le sujet est traité avec beaucoup de finesse. Il y a une sensibilité dans l’écriture qui est magnifique. Et le dénouement est superbe, totalement inattendu. Cette lecture est extrêmement addictive !

 

Site de l’auteur : https://www.marc-desaubliaux.fr/

Lien amazon : https://www.amazon.fr/%C3%A9t%C3%A9-anglais-avait-ans-elle/dp/2957099934