Roger Baillet : un auteur qui transmet sa passion dans un roman intime
L’écrivain Roger Baillet ne se destinait pas forcément à une carrière d’auteur. Même s’il clame toujours avoir eu cette pulsion créative en lui, depuis l’enfance. Cet ancien professeur d’université s’est dédié à sa plus grande passion : l’Italie et son riche patrimoine. Cela comprend également son Histoire fascinante et millénaire, qui a vu fleurir tant de mythes et légendes. Finalement, son nouveau roman « Terpsychore ou la légèreté de l’être » est un genre de conte moderne. Des noms grandiloquents comme Pygmalion, qui plongent le lecteur aussitôt dans l’imaginaire collectif de la mythologie grecque. L’héroïne porte le prénom d’Alba, dont l’étymologie signifie « blanc » en latin — et qui n’a peut-être pas été choisi au hasard par son créateur, l’auteur. Une espèce de mise en abyme littéraire subtile, où l’auteur qui écrit le livre laisse parler un narrateur très bavard, sous les traits féminins de l’enfant « de bénitier ». Finalement, cette gamine était une page vierge, qu’elle souhaitait remplir avec des poèmes.
Les aventures de l’héroïne débutent à l’enfance. Le livre est un historique, qui retrace les différentes épreuves de sa vie, depuis ses jeunes années jusqu’à ses quarante ans. Le roman est très rapide à lire, grâce à un format court scindé en deux parties. Le style épuré, mais efficace de l’auteur permet une immersion rapide, avec des enjeux explicites et sans détour alambiqué. L’esprit de son protagoniste ne manque pas de sagacité. Autiste, bisexuelle, née en Syrie et élevée dans l’éducation religieuse (chrétienne), les premières années d’Alba sont déterminées par les choix que les autres ont pris à sa place, elle qui n’a pas choisi de venir au monde, abandonnée et laissée pour compte.
Cette fiction réaliste plaira aux intellectuels, qui aiment et connaissent leurs classiques. Cela peut concerner la musique classique et les musiciens baroques, mais aussi les sculpteurs de légendes comme le fameux Michel-Ange.
L’auteur s’est certainement fait plaisir en abordant ses sujets de prédilection, ce qui est une excellente idée, puisqu’il maîtrise totalement ce sujet. En terrain conquis, il est donc plus facile de transmettre des informations crédibles et d’installer un univers et donc une histoire qui tient aussi bien la route.
Cet écrit au ton globalement léger expose des douleurs et des abus vécus par la grande majorité des femmes dans le monde. Le propos féministe est sous-entendu, mais bien présent. Alba décide de prendre sa vie en main, de se donner une forme elle-même, une Galatée qui se serait construite seule avec une argile qu’elle aurait pétrie de ses mains. Ce texte inspirant prend la forme d’un message idéaliste et enthousiaste sur la vie. De plus, la première page du roman semble indiquer que le personnage a été imaginé, en se basant sur une personne réelle. C’est pourquoi cette fiction présente une substance solidement ancrée à la réalité. Pourtant, l’écrivain est de genre masculin, et s’est glissé dans la peau d’une femme avec brio.
Roger Baillet est sans aucun doute un écrivain que l’on pourrait qualifier d’esthète. Le dictionnaire présente l’esthète comme une personne qui « affecte le culte raffiné de la beauté formelle ». Quoi de mieux que les beaux-arts pour en parler ? Toile, sculpture, des arts et des techniques ancestrales qui représentent la beauté plastique. Pourtant, l’héroïne n’est pas adepte des formes académiques et précises, de cette rigueur que demande l’exécution de l’artiste. Ce roman court révèle toute la complexité d’une personnalité de rêveuse invétérée, qui attendrit.
Le nouveau roman de Roger Baillet Terpsychore ou la légèreté de l’être est un nom curieux pour un livre. Long et étrange, il suscite de nombreuses interrogations. Influencé par les classiques de la littérature française et étrangère, le lecteur aura besoin de connaître les références afin de savourer pleinement les propos de l’auteur. Un récit qui parle d’amour, d’admiration et de plaisirs, sur fond d’histoire de vie.
Cette espèce de biographie fictive revisitée est une lecture fraîche, qui apporte un souffle nouveau sur le paysage littéraire français. Il traite de questions parfois taboues, sans jamais prendre une tournure vulgaire ou clichée. Un témoignage brut et sans filtre, qui interroge le lecteur sur les choix de sa propre vie.
Le site de l’auteur : https://rogerbaillet.fr/
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